La mission
Dans la soirée du 14 août 1943 le Halifax B Mk II codé NF-O, serial JD 180, du 138 Sqn de la RAF, décolle de la base de Tempsford en Angleterre pour mener à bien l'opération "Pimento 37". Sa mission est triple : exécuter un largage de tracts et deux parachutages au profit de la Résistance: l'un à 10 km au nord d'Annecy, col de Frétallaz, non loin du Plateau des Glières, et l'autre à Modane. Le Halifax effectue une partie du vol avec 140 Lancaster qui prennent la direction de Milan pour une opération de bombardement.
Aux environs de 1h et après un vol sans histoire, mise à part un peu de brouillard rencontré à la hauteur de Blois au-dessus de la Loire, le Halifax NF-O piloté par le Squadron leader Franck C. Griffiths a laissé la formation de Lancaster poursuivre sa route vers l'Italie. Il survole à basse altitude le Lac d’Annecy une première fois, avant de remonter vers le nord. Le temps est bien dégagé et l’équipage ne devrait pas tarder à apercevoir les signaux lumineux que l’équipe au sol du réseau Pimento (Réseau SOE) a dû installer sur le terrain près de Charvonnex. Le bombardier opère un demi-tour au-dessus d’Annecy et largue des tracts, avant de survoler à nouveau le lac et de prendre la voie du nord pour tenter encore une fois d’identifier la Drop Zone. Des Annéciens perçoivent le bourdonnement des moteurs de l’appareil mais ne sont pas surpris : ils sont habitués au bruit des bombardiers anglais en route vers des cibles en Italie du nord et qui survolent leur commune.
Alors que le Halifax est toujours à la recherche de sa cible, et que le pilote commence à se demander s'il ne va pas abandonner et prendre la route de sa seconde mission, il fait une subite embardée sur la gauche au moment même où l’un des moteurs lâche. Le S/Ldr Griffiths tente d'appeler le mécanicien Sgt Davies à la rescousse mais il est parti à l'arrière de l'appareil pour aider au parachutage des containers le Sgt Maden, despatcher, et n'a pas son casque. Soudain le deuxième moteur gauche se coupe également. Malgré tous les efforts du pilote, l'appareil fait une violente embardée à gauche le rendant difficilement contrôlable! Les soutes sont ouvertes et quelques containers remplis d'armes, de vêtements, de conserves, d'argent, de chocolat et de cigarettes, largués dans le but d’alléger l’avion, tombent en bordure du terrain d’aviation de Meythet. Griffiths souhaite atteindre le lac pour éviter de s’écraser sur la ville mais il réalise que son appareil perd de l’altitude trop rapidement. Entre temps les témoins se sont rendus compte au bruit qu’il produisait qu’il n’y avait qu’un seul avion et qu’il était en difficulté. Sortis de chez eux, certains affirmeront avoir vu le Halifax volant très bas avec l’un de ses moteurs en flammes avant d’entendre des bruits d’explosion. Le pilote ordonne à son équipage de se placer à l'arrière de l'appareil et à de se préparer au pire. Lui reste aux commandes mais l'avion perd inexorablement de l'altitude et c'est vainement qu'il tente de redresser. Il se sent impuissant alors que le Halifax frôle la cime des arbres à une vitesse encore très élevée. Soudain l'aile droite heurte une maison. Il perd connaissance.